L'acteur parle de la notoriété, du cinéma et pourquoi il déteste faire les accents anglais dans les films.
Cela
fait maintenant plusieurs semaines que vous êtes en promotion pour The
Rover. Etes-vous lassé de répondre aux mêmes questions ?
Je
ne me souviens jamais des questions qu'on me pose. Mais on m'a beaucoup
parlé des mouches, parce que je les avais mentionnées dans la première
interview. Quand les journalistes m'en parlent, je réponds "Bien sûr, il
y avait beaucoup de mouches". Mais ils continuent à m'interroger sur ce
sujet. Qu'est ce que je pourrais répondre d'autre ? "Oh les mouches !
C'était vraiment génial, mon meilleur souvenir !".
Je suis sûr que vous pouvez en dire plus sur les mouches.
Absolument rien de plus.
Vous
avez donc commencé à tourner l'année dernière - Quel est votre état
d'esprit ? Vous devez vous sentir plus libre d'une certaine manière,
maintenant que la franchise "Twilight" est complètement terminée.
J'ai
eu le rôle huit ou neuf mois avant le début du tournage. Et puis, je
devais tourner un autre film avant. J'ai tourné "Maps to the Stars" dans
lequel j'ai un petit rôle. Je devais tenir un autre rôle principal et
ça a été repoussé. Comme j'avais ça en tête depuis un bon moment,
j'avais l'impression de passer presque tout mon temps à travailler.
J'avais
fini "Twilight" six ou sept mois avant. C'est étrange, parce que
j'avais l'impression que ça remontait à plus longtemps, genre 2/3 ans.
Mais oui, c'est intéressant car vous faites le point sur ce qu'est votre
carrière et vous vous dites qu'il est temps de vous diversifier. Quand
je tournais des films entre ceux de "Twilight", j'avais l'impression de
repartir systématiquement de zéro. La place importante que prenait
"Twilight" éclipsait tout le reste.
Dans ce film, vous
êtes, d'une certaine manière, un second rôle par rapport à Guy Pearce,
et votre rôle dans "Maps to the stars" est vraiment petit. Avez-vous
renoncé aux rôles principaux ?
Oui. En fait, pour The
Rover, j'aimais vraiment le rôle, mais il y a un grand nombre de films
que j'ai tournés qui ne sont pas encore sortis - Donc non, je suppose
que je tiens le rôle principal dans le film de Corbijn. Mais même si
c'est un rôle principal, ce n'est pas un rôle ostentatoire. Dans le film
que je fais avec Corbijn, il a James Dean et je suis celui qui le prend
en photo. Ce n'est pas un rôle derrière lequel je me dissimule, mais je
partage l'affiche la plupart du temps. Les rôles principaux qui
m'attirent sont vraiment spécifiques et je veux pouvoir travailler avec
certains réalisateurs afin d'apprendre et si je tourne 10 jours pour un
film de Werner Herzog, je peux faire pratiquement n'importe quel rôle.
Je
pense que depuis "Cosmopolis" vous êtes perçu différemment de par vos
choix de personnages très éloignés de votre image. Est ce que ça entre
en ligne de compte quand vous choisissez un rôle ?
Non,
pas du tout. J'ai fait "Bel Ami" alors que j'étais très jeune quand j'ai
décidé de le faire. Mais je pensais au personnage comme une sorte de
métaphore - il y avait une deuxième lecture de ce rôle. Je trouvais
plutôt drôle, lorsque votre public, du fait de Twilight, est quasi
exclusivement féminin, de jouer le rôle d'un homme qui se sert des
femmes pour parvenir à ses fins. Je ne pense pas que quiconque ait
remarqué le contexte métaphorique.
Faites-vous attention à la façon dont les choses sont perçues ?
Oui,
mais je ne sais pas vraiment pourquoi parce que finalement je finis
toujours par penser que ça n'a pas vraiment d'importance. Ca ne m'est
jamais arrivé de vraiment détester un film qui était bien reçu par la
critique. Peut-être que cela changerait ma façon de voir les choses.
Mais si vous aimez quelque chose, peu importe les critiques. La seule
personne qu'il importe vraiment, c'est le réalisateur.
Je ne sais
pas pourquoi, mais je me sens un peu responsable de ce qui peut
arriver... même si ça ne tient pas à moi. Si un film a une critique
négative, je me sens mal parce que, pour ma part, ce film est un bon
souvenir. Donc, je veux faire de mon mieux.
Dans une
certaine mesure - probablement moins aujourd'hui - vous êtes vraiment
étiqueté "Twilight". N'est ce pas une gageure pour un réalisateur de
vous choisir à cause des préjugés à votre égard ?
Ca
reste à voir. Je sais que je traine ça derrière moi d'une certaine
manière, mais j'imagine que ça pousse peut être le public à venir au
cinéma, je ne sais pas. Je pense que de toutes façons, il faut toujours
se donner de la peine pour les rôles que vous souhaitez. Au fur et à
mesure que je m'éloigne de "Twilight", la perception qu'on a de moi
évolue petit à petit. Je n'ai pas vraiment essayé de jouer dans le même
registre, peut être parce que je ne sais pas vraiment comment faire.
Avez vous une liste des réalisateurs avec lesquels vous voulez travailler ?
On
peut appeler ça comme ça. En travaillant avec les meilleurs, c'est
littéralement comme si j'étais à l'école et que j'apprenais mon métier
d'acteur. Il y a quelques personnes avec lesquelles je veux vraiment
travailler en raison des performances qu'ils arrivent à tirer de leurs
acteurs. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose en moi qui fait que
je suis prêt. Comme James Gray - J'ai adoré tout ce qu'il a fait avec
Joaquin. Et pour connaitre James depuis des années, j'aime sa vision du
métier d'acteur. Tout comme celle des personnes tel que Jacques Audiard
(réalisateur de "De rouille et d'os"), etc... Mais il y a d'autres
personnes comme Herzog et Cronenberg. Je n'aurais jamais cru possible de
travailler avec eux.
Dans quel état d'esprit étiez vous
pour la scène où vous chantez le titre de Keri Hilson, qui précède un
passage du film particulièrement violent ? Il a fallu combien de temps
pour la tourner ?
Je pensais que ce serait un petit
insert, car c'était brièvement mentionné qu'il chantait au son de la
radio. Et la scène dure 1 mn 30, c'est vraiment dingue. Je voulais
montrer que le personnage est quelqu'un qui se comporte comme si il
avait des troubles de l'attention et qui est coincé, en permanence,
entre deux décisions. Un peu comme ces vieux téléviseurs où si vous
appuyez sur les deux boutons en même temps, vous vous retrouvez bloqué
entre deux chaines. C'est le moment le plus pensif et le plus profond du
personnage. Et en même temps, il n'arrive pas vraiment à penser à quoi
que ce soit. Il pense à tout et à rien en même temps. Il est presque
vide.
Comment faites vous pour faire passer ces émotions ?
Je
me suis rendu compte que j'avais une approche des rôles plutôt
cérébrale et que d'essayer d'analyser les choses n'était peut être pas
la meilleure façon de procéder. Si vous abordez les rôles comme la
musique - ce que j'ai fait pour la première fois dans "Cosmopolis", où
j'ai écouté le rythme et la cadence du texte qui était hyper stylisé, ça
permet de vous libérer. Vous ne pensez plus vraiment au personnage,
vous l'interprétez.
Et vous pouvez aborder n'importe quel rôle de
cette manière parce que vous vous sentez à l'aise pour l'interpréter ce
qui est beaucoup plus facile de d'essayer d'anticiper l'hypothétique
perception du public, celle de l'autre acteur, etc... Et du coup vous
prenez plaisir à faire le personnage.
Cela fait maintenant plusieurs fois que vous interprétez un américain, qu'est-ce qui diffère ?
Je
ne sais pas, je n'ai jamais vraiment pensé à ce que c'était que
d'interpréter spécifiquement un américain. Je suppose qu'il y a des
petits détails, comme... non, en fait, vous l'abordez de la même façon.
Je suis extrêmement mal à l'aise dans les rôles d'anglais. Si je fais un
accent anglais, je ne sais même pas comment faire mon accent normal, ça
se transforme en une voix bizarre trafiquée. Et je m'en rends compte !
Mais si je joue un américain, je me sens plus à l'aise car je sais que
c'est du cinéma.
Votre personnage dans "The Rover" vient du sud des Etats-Unis.
Oui,
c'est un migrant, un ouvrier saisonnier. C'est un peu comme les chinois
qui vont en Afrique en ce moment, c'est un peu la même chose.
L'économie occidentale s'est effondrée, alors vous allez là où il y a du
travail.
Savez vous pourquoi le monde s'est effondré dans le film ? Avez vous abordez le sujet avec David et Guy ?
Je
pense que David et Guy le savent. J'étais sur place trois semaines
avant le début du tournage et j'ai pressé David de questions, mais il
n'était pas disposé à me révéler quoi que ce soit. Et je suppose que
c'est logique, par rapport à mon personnage, de ne rien savoir. Il s'est
juste contenté de suivre son frère.
Une des choses que j'ai le
plus aimée, c'est dans le scénario, les deux scènes entre moi et Guy qui
comportent des dialogues forts, surtout dans le contexte d'un film où
il y en a peu finalement. Et il y a plein de détails sur les deux
personnages, même si ces détails ne se rapportent en rien à l'histoire.
J'ai apprécié le fait qu'il n'y ait pas de compromis vis à vis du
public. Le personnage est tel qu'il est et il faut faire avec ou pas.
C'est faire confiance au public, en quelque sorte.
Et
je pense que peu de gens le font. J'aime les films, "The Rover" et
"Cosmopolis" font partie de ceux là, qui vous laissent un peu déboussolé
après la projection.
Traduction : RP France
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