lundi 16 juin 2014

Robert Pattinson est en train de laisser "Twilight" derrière lui - Interview pour BuzzFeed

Dans l'univers sombre de The Rover, il n'y a pratiquement pas de trame de fond - pour illustrer un monde où rien ne compte vraiment - et l'on sait peu de choses sur Rey, joué par Robert Pattinson, si ce n'est que lui et son frère aîné (Scoot McNairy) font partie d'une petite bande de voyous qui ont vu leur plan violemment contrecarré lors d'un braquage dont nous ne voyons rien. Blessé, Rey a été abandonné à son sort et c'est ainsi qu'il devient l'otage de Eric (Guy Pearce), dont la voiture a été volée par les anciens amis de Rey (Eric veut vraiment retrouver sa voiture, pour une raison qui n'est dévoilée que dans les derniers moments du film). Dans la peau de Rey, Pattinson joue un "demeuré", comme Eric l'appelle, loin du Edward Cullen de Twilight, le vampire torturé qui a servi de fantasme pour toute une génération d'adolescentes.

The Rover est le deuxième long métrage de David Michôd en tant que réalisateur, après Animal Kingdom en 2010. Et si l'action se déroule en Australie, d'où Michôd est originaire, Rey et son frère ont inexplicablement un accent du Sud des Etats Unis. C'est bon pour Pattinson que rien ne puisse rappeler Edward, le personnage qui l'a rendu célèbre. La première fois que l'on voit Rey il est apeuré, dans une scène il est recroquevillé en position foetale. Mais il évolue au fur et à mesure du film (on ne vous en dira pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise). Dans Variety, Scott Foundas a parlé d'une "performance qui est un tournant dans sa carrière" pour Pattinson.

Dans une interview avec BuzzFeed cette semaine à Beverly Hills, Pattinson a parlé de The Rover (dont l'avant première a eu lieu à Cannes le mois dernier et qui sort à New York et Los Angeles ce week-end et à l'échelle nationale vendredi prochain) et de sa carrière post-Twilight. Et il a beaucoup tourné : En plus du Maps to the Stars de David Cronenberg, présenté également à Cannes, il va bientôt apparaître dans Queen of the Desert de Werner Herzog, Life d'Anton Corbijn et Idol's Eye de Olivier Assayas avec Robert De Niro, dont le tournage n'a pas encore débuté. Devenu soudainement célèbre après avoir été propulsé par Twilight et après s'être retrouvé en moins de deux à la une des tabloïds, poursuivi par un essaim de paparazzis, quand il était en couple avec sa partenaire Kristen Stewart, Robert Pattinson, âgé maintenant de 28 ans, décrit la vie après Edward comme un "cheminement".

Il a vécu une bonne partie de sa vie pourchassé à la fois par les paparazzis et les fans, mais en personne, il n'est ni maussade, ni torturé. En fait, il n'a pas tardé à rire. Et il semble avoir compris comment vivre une vie saine, à défaut d'être normale.

Vous faites un accent du Sud pour ce film, ainsi qu'un certain nombre de tics vocaux et du visage. Est ce que c'était spécifié dans le scénario ou les avez-vous développés avec David Michôd ?

Robert Pattinson : Il a dit que Rey était du Sud, mais sans donner un lieu précis. J'ai le sentiment que tous ces tics et autres choses ont été écrits de façon saccadée. Dès lors que vous commencez à dire votre texte, ça sort spontanément.

On a l'impression que The Rover a été éreintant à tourner. Il faisait chaud, il y avait toutes ces mouches, qu'en était-il ? Et était-ce utile pour le rôle ?

RP : J'ai trouvé le tournage vraiment facile. Je pense que la chose la plus stressante lors des tournages, c'est quand la météo est vraiment changeante. Ca stresse tout le monde. Alors que là, il faisait juste chaud tout le temps. S'il avait fallu jouer quelqu'un de nickel propre sur lui, ça aurait été très stressant. Il aurait fallu des retouches maquillage toutes les 10 secondes - mais là on nous demandait d'évoluer dans la boue et la poussière, alors ça n'avait pas d'importance. On pouvait tourner en étant sale de la tête aux pieds.

Vous portiez la même chose tout le temps.

RP : Je ne pense pas qu'ils avaient de vêtements de rechange. Ca a pris du temps. Nous avons essayé des centaines de jeans. C'est principalement une question de sensation - la façon dont le département des costumes lui a donné un aspect usagé. Ils ont littéralement mis de la colle dessus pour qu'il prenne une certaine forme. On aurait dit que le tissu était alourdi. Mais j'avais une idée précise de la façon dont je voulais me sentir dedans. Pareil pour le tee-shirt. Dès l'audition, je savais quel tee-shirt je voulais porter, les couleurs et tout.

Je voudrais vous interroger sur la scène où vous chantez "Pretty Girl Rock." Elle a un côté décalé et charmant.

RP : Quand j'ai lu ce passage du scénario, qui est l'un des tournants du film, je me suis dit : Wow, c'est vraiment très différent de tout ce que j'ai pu lire auparavant. Et gonflé - faire quelque chose qui pourrait être complètement déroutant pour le public. Je pensais que ça allait être une séquence très brève, mais quand je suis venu pour faire la scène, David a mis le titre en entier. C'était vraiment génial.

C'est un moment attendrissant où vous sentez vraiment que le personnage n'a jamais connu une autre vie que celle ci.

RP : Il n'a jamais vraiment appris à penser comme une personne normale. Il n'a aucune idée des répercussions de ses décisions, parce que jusqu'à présent les décisions qu'il a pu prendre n'ont jamais eu de conséquences.

Twilight a fait de vous une star de cinéma riche et célèbre et la cible des paparazzis. Maintenant que cela fait presque deux ans que Breaking Dawn Partie 2 est sorti, quel regard posez vous sur cette expérience ?

RP : Quand j'ai signé, après la sortie du premier film, je savais que ça allait prendre 10 ans - je ne sais pas pourquoi - pour passer à l'étape suivante. J'ai été extrêmement chanceux, mais j'ai le sentiment que les choses se passent graduellement - chaque année, pour chaque rôle, quelque chose se produit et la perception des gens change peu à peu. Je ne regarde pas en arrière en me disant que c'est un autre pan de ma vie. C'est réellement tout un cheminement.

Beaucoup d'acteurs font des allers-retours entre grands films de studio et films indépendants. Mais depuis Twilight, vous semblez éviter les films de studio. Est-ce délibéré ?

RP : Ca ne s'est pas fait. Il y a bien eu une petite période, juste après le premier Twilight, parce que j'étais la nouvelle tête à la mode, où on m'a offert tout un tas de rôles dans des films à gros budgets. Mais aucun ne me parlait vraiment. Mais je pense que mon énergie et aussi la façon dont les gens me perçoivent font que je ne rentre pas dans ce type de rôle. Je n'ai jamais fait de sports d'équipe à l'école et je pense que les gens s'en aperçoivent ! Comme je vieillis, les rôles deviennent un peu plus ouverts. Mais les rôles de jeunes hommes dans les films à gros budget, vous pouvez être certain qu'ils vont à des acteurs qui ont fait du sport en équipe. Je détestais ça.

J'allais vous demander si vous aviez l'impression que Twilight avait été un frein, mais maintenant je devrais plutôt vous demander si c'est d'avoir fait ou non du sport en équipe qui en a été un.

RP : C'est vraiment bizarre. Je crois que je suis attiré par des rôles de solitaires. J'ai l'impression que mes réactions émotionnelles à certaines choses sont parfois un peu disproportionnées. Je me souviens sur le tournage de Twilight, Catherine Hardwicke m'a dit : "Pourquoi tu la regardes comme ça ? On dirait que tu veux la tuer". Et moi j'ai répondu : "Je fais ça ? Je faisais pourtant un regard amoureux". J'ai essayé de faire des choses sur Cosmopolis et The Rover car il y a un spectre émotionnel un peu plus vaste. J'ai le sentiment que je peux plus me le permettre que dans des films traditionnels.

Vous semblez faire très attention au réalisateur dans vos choix.

RP : Vous essayez de limiter la marge d'erreur autant que vous le pouvez. Ca peut arriver que vous fassiez un film qui soit nul, mais quand vous travaillez avec Herzog ou un réalisateur de ce genre, vous savez au moins que vous ne faites pas un film de super héros censé être complètement différent. Et puis si vous faites un film de super-héros pourri, faut pas s'attendre à autre chose.

Etes vous en train de dire que le film de Werner Herzog dans lequel vous jouez T.E. Lawrence est nul ?

RP : Non, pas du tout ! On ne me voit presque pas.

Oh, c'est vrai ? Je ne savais pas.

RP : Je suis resté 10 jours. Non, je pense que ça va être cool. J'ai vu certaines scènes avec Franco et Nicole Kidman qui avaient l'air vraiment bien. Vous pouvez en être sûr. Michôd, je voulais travailler avec lui depuis des lustres. J'ai trouvé qu'Animal Kingdom était l'un des meilleurs premiers films des 10 dernières années.

Vous avez beaucoup de films à venir, mais celui qui a retenu mon attention, c'est Life, l'histoire de James Dean et du photographe Dennis Stock. Un grand nombre de rôles que vous avez choisis depuis Twilight n'ont rien à voir avec votre expérience personnelle - mais l'idée du photographe et de la jeune star, ça fait écho.

RP : C'est drôle, je n'y avais pas pensé. Ca m'a intéressé parce que ça traite de la jalousie professionnelle. C'était avant que James Dean ne devienne célèbre, mais il est évident qu'il aimait être pris en photo. Tous deux étaient très arrogants et pensaient être des artistes. Dennis était vraiment névrosé et jaloux de tout. Je ne pense pas que le film traite de la célébrité. Je ne pense pas que Dennis y ait jamais pensé. Ceci dit, je pense que par la suite, il a été furieux parce que c'était son héritage.

J'ai lu une interview récemment dans laquelle vous avez dit que vous n'étiez pas sûr d'avoir trouvé vos marques en tant qu'acteur. Pensez-vous que vous y arriverez ?

RP : Je ne sais pas. D'un certain côté, je ne l'espère pas. La seule chose qui me préoccupe à chaque fois que j'ai un rôle c'est tenter de surmonter mes problèmes de confiance. D'une certaine façon, ça m'aide à ne pas tomber dans le piège qui consiste à se dire qu'on en a absolument besoin, au point de vous rendre dingue et de vous faire perdre le contrôle de votre vie personnelle. Par moments, c'est très frustrant, alors que je sais comment faire les choses dans ma tête et quelque chose vous inhibe. Ca me rend cinglé. Je pense que c'est mieux quand il n'y a pas d'attentes sur le personnage. Du coup, je me sens bien.

Que faites-vous quand vous n'arrivez pas à faire quelque chose ?

RP : C'est vraiment horrible. Ca m'est arrivé une fois sur le tournage de Life. Je savais exactement comment faire cette scène. J'avais tout planifié. Et le moment venu, sans raison apparente, ça ne s'est pas passé comme ça aurait dû. Et personne ne savait pourquoi. C'était comme si j'avais perdu la tête sur le plateau. Tout le monde était très mal à l'aise. Avec un peu d'expérience vous vous rendez compte :  OK, je ne vais pas laisser le soin à quelqu'un d'autre de dire le texte, je vais faire chaque réplique de 10 façon différentes et j'espère qu'ils vont arranger ça au montage.

C'est frustrant ?

RP : C'est la pire des choses. Parce que la plupart du temps, surtout dans les grandes scènes d'émotion, c'est uniquement parce que vous avez l'impression de faire semblant. Alors que vous savez comment faire pour que ça fasse vrai, mais ça ne veut pas. Il n'y a rien à faire. Finalement, la plupart du temps, le gens voient la scène et ne s'aperçoivent de rien. Dans 90% des cas, vous pouvez regarder une scène pour laquelle vous pensez que c'est la pire que vous ayez jamais faite, que c'est totalement fake et personne ne s'en rend compte.

J'ai récemment relu l'article écrit sur vous par Vanity Fair en 2011 dans lequel votre vie semblait assez invivable à cause des paparazzis. Les choses se sont elles améliorées ?

RP : Je me souviens de cette interview et je pensais que c'était comme raconter des blagues. Quand l'interview est sortie, on avait l'impression que j'étais sur le point de me suicider.

Oh ! Une partie de l'article était le point de vue la journaliste qui commentait ce qu'elle avait observé de votre vie.

RP : Je m'étais demandé comment elle avait pu observer tout ça puisque nous nous étions vus pour l'interview dans la maison de quelqu'un d'autre. Peu importe. Je suppose que d'un point de vue extérieur, il y a une période de contraction dans votre vie où vous devez vous habituer à la voir réduite ainsi. Mais c'était il y a environ quatre ans. Je me sentais un peu bizarre à l'époque. Puis vous vous rendez compte de ce que vous aimez faire et tout à coup ça devient plus facile. Certaines personnes sont d'accord pour se laisser photographier en train de faire leurs courses ou de sortir. J'ai réalisé que je n'arrivais pas du tout à gérer ça. Du coup, je ne vais pas dans des endroits où je pourrais être photographié. Et dès que j'ai eu pris cette décision - ne vous inquiétez pas, j'arrête de me plaindre à ce sujet - ça m'a retiré un grand poids.

Vous arrivez donc à vivre votre vie sans être photographié ?

RP : Oui. A 100%.

Même ici à Los Angeles ?

RP : Il y a un nombre très limité d'endroits où vous pouvez aller. Si vous allez à The Grove, vous devez accepter ce qui risque de s'y passer.

Vous ne pouvez pas aller à l'Apple Store de The Grove.

RP : Cet endroit me manque. Pouvoir regarder les fontaines !

Donc vous aimez vivre à Los Angeles ? J'entends par là que vous pourriez vivre où vous voulez.

RP : J'ai toujours pensé que j'allais revenir à Londres, mais Londres a tellement changé depuis que j'en suis parti. Beaucoup de mes amis n'y habitent plus ou ont fondé une famille. C'est différent. En outre, mon intérêt principal dans la vie en ce moment c'est le cinéma et c'est le meilleur endroit pour faire du cinéma. Et puis j'aime cette espèce de légèreté. Les gens ont des envies, ils ne sont pas tout le temps dépressifs. Dans beaucoup de grandes villes, la plupart des gens se disent "Oh, mon dieu, c'est impossible". Les gens ne sont pas comme ça à Los Angeles et j'aime vraiment ça.

Dans cette interview à Vanity Fair, vous aviez dit que vous admiriez Charlie Sheen

RP : J'ai dit ça ?

Je suis sûr que c'était sur le moment ! Vous aviez dit que vous l'appréciez parce que c'était quelqu'un de cinglé qui n'en avait rien à foutre. Et dans The Hollywood Reporter récemment, vous avez dit être fan d'Harmony Korine pour, j'imagine, les mêmes raisons. Est ce que vous avez essayé d'en avoir rien à foutre ?

RP : Oui, en quelque sorte. Mais je ne veux pas que les gens me détestent. Je fais en gros ce que je veux. Mais si il y a bien une chose que je désire, c'est que les gens m'apprécient.

Traduction : RP France

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