dimanche 18 mai 2014

The Rover : Interview de David Michod pour le site du Festival

THE ROVER : VIVRE OU SURVIVRE

Auteur de courts métrages et de documentaires, David Michôd a connu les louanges de la critique internationale en 2010 avec Animal Kingdom, son premier long métrage de fiction. Le film brossait le portrait d’une famille de criminels d’un quartier tranquille de Melbourne pourchassés par la police locale. Dans The Rover, le cinéaste australien met en scène, dans un monde jugulé par la crise économique, deux hommes que le destin va forcer à faire équipe pour rester en vie.

Comment vous est venue l’idée de ce film ?

En 2007, Joel Edgerton et moi étions à Los Angeles et nous avions un peu de temps devant nous. Nous avons commencé à imaginer l’histoire d’un homme seul dans le désert avec une voiture. Dans un premier temps, nous nous sommes dit que nous allions écrire le film pour son frère, Nash. Mais dès lors que j’ai eu rédigé la première ébauche du scénario, j’ai su que j’étais en train de l’écrire pour moi.

L'intrigue de The Rover se noue dans futur proche, rongé par un contexte économique et social difficile. Est-ce ainsi que vous imaginez l'avenir ?

J’ai toujours souhaité que "l’effondrement" qui survient dans le film soit plausible et prévisible. Je ne vois pas forcément le monde dans lequel The Rover se déroule comme semblable au notre. Du moins pas à l’Occident. En revanche, il supporte quelques similitudes avec la pénurie de ressources dont sont victimes les états du Tiers-monde. Je pense par ailleurs qu’au regard de la prévalence répugnante de l’intérêt personnel, de l’avidité effrénée et du mépris total qui touche notre société, l'univers du film est une extension logique de notre monde actuel.



De quelle manière avez-vous illustré ce parti pris visuellement, en termes de mise en scène, de lumière et dans le choix des décors ?

Je voulais que tout semble écorché. L’univers du film n’est toutefois pas régi par l’anarchie ou une absence totale d’infrastructure sociale. Celle-ci existe bel et bien mais a tout simplement été laissée à l’abandon. Dans mes conversations avec Jo Ford (Chef décorateur) et Natasha Braier (Directrice de la photographie), nous avons donc beaucoup évoqué le fait de filmer les situations au niveau du sol pour montrer cet état de désuétude. Les gens s’assoient beaucoup par terre dans le film. Nous avons été chercher la lumière au ras du sol.

Sur quoi avez-vous mis l'accent lors de l'écriture de vos personnages principaux ?

J’ai voulu que ces deux personnages centraux jouent de façon très simple. Éric, interprété par Guy Pearce, est un assassin aigri qui est assez vieux pour se souvenir d’un temps où les choses étaient différentes. Rey, interprété par Robert Pattinson, est un américain ordinaire qui n’a jamais rien connu d’autre que la condition dans laquelle ils vivent.

Peut-on comparer votre film à un western moderne ?

Je pense en effet que l’on peut le comparer à un western moderne, simplement parce que The Rover est l’histoire d’une relation intense et intime entre deux êtres seuls, esseulés dans un vaste et inhospitalier paysage désertique. Ce genre de relation très basique, dépeinte dans un désert au vide terrifiant, est un élément que l’on retrouve dans les plus grands westerns. C’est certainement un genre que je souhaitais explorer avec The Rover.

Pouvez-vous nous raconter une anecdote de tournage qui vous a marqué ?

Le film a été très difficile à tourner. Il a constitué un vrai défi pour l’ensemble de l'équipe. Nous étions éloignés de toute civilisation. Nos téléphones ne captaient aucun signal. Il faisait très chaud et nous étions sales du matin au soir. Tout cela a fait du tournage une expérience particulière. Toute l’équipe et les acteurs se réunissaient ensuite dans les villages proches du plateau et des liens se nouaient. Ce sont des petites choses comme ça qui font qu’un film est enrichissant.

The Rover est votre second film. Était-ce difficile de rebondir après le succès d'Animal Kingdom ?

Pas spécialement. Cela a pris un peu de temps, mais au bout d’un moment, j’ai ressenti la nécessité de repartir. J’ai simplement eu besoin de laisser retomber la poussière et ensuite de baliser le terrain pour le film suivant. Une fois ce cheminement installé, The Rover s’est présenté comme un choix évident.

Source : festival-cannes

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