lundi 19 mai 2014

Maps to the Stars : Critiques (médias francophones)



La plupart des réactions sur twitter à l'issue de la projection presse sont enthousiastes. Certains y voient la Palme d'Or et un prix d'interprétation pour Julianne Moore.

Ajout de nouvelles critiques...

Film de Culte

DES HOMMES ET DES DIEUX

Maps to the Stars s’ouvre sur un générique où l’on parcourt une carte des étoiles, de constellations en planètes. En un basculement trivial, la carte des étoiles parcourue au début de Maps to the Stars devient celle qui mène aux maisons de stars de Beverly Hills. L’héroïne (Mia Wasikowska) vient dit-elle de Saturne. Et on la croit : nous sommes chez David Cronenberg, cinéaste des faux semblants et de l’illusion, qui s’infiltre dans l’usine à imaginaire la plus populaire du monde - Hollywood. On se poste rapidement devant les lettres géantes et majestueuses posées sur le Mont Lee, celles-là mêmes qui ont servi de tremplin à Peg Entwistle, starlette déçue qui dans les années 30 s’y suicida. Maps to the Stars est peuplé des fantômes et mythes du Hollywood d’hier, les actrices-stars y meurent dans un grand incendie comme Linda Darnell accrochée à sa poignée de porte et l’on a parfois le sentiment de tourner les pages du Hollywood Babylone raconté par Kenneth Anger.

A mesure que Existenz progressait, on était de plus en plus immergé dans une réalité virtuelle. Maps to the Stars ne prend pas ce chemin : les films passent à la télé, on aperçoit le tournage d’une scène sur un plateau, mais pas plus, les fantaisies du cinéma et le monde « réel » semblent bien séparées. Le cinéma est ici une industrie concrète, Maps… n’est pas avare en name-dropping, évoquant Drew et la drogue, Harvey et ses prods, et l’on est fort circonspect lorsqu’on apprend qu’un rôle est confié... à Anne Hathaway. L’épure de la mise en scène de Cronenberg poursuit le geste entamé par ses récents films. Le silence qui règne autour des personnages dans Maps… rappelle le tombeau roulant de Cosmopolis. Pas un hasard puisque nous sommes ici dans un monde assez morbide, incestueux, replié sur lui-même, où l’on sirote par vanité un cocktail au bar du coin designé par Philippe Starck avant d’aller gober quelques sushis au Nobu. L’inox blanc des pissotières dans lesquelles l’un des personnages dégobille est lui glacial.


C’est d’une baignoire tout aussi froide que sort le premier fantôme de Maps to the Stars. Il vient tourmenter une star vieillissante (Julianne Moore, délaissée depuis des années par le cinéma et qui retrouve enfin un grand rôle à sa mesure). Celle-ci porte trop de gloss et rêve d’un Oscar, quand bien même il ne s’agirait que d’une statuette du meilleur second rôle. Le compositeur Howard Shore semble singer les orgues lugubres d’Angelo Badalamenti – nous sommes à deux pas de Mulholland Drive. En un clin d’œil malicieux, Cronenberg cite Mommy Dearest, chef d’œuvre du nanar camp sur la grandeur et décadence de Joan Crawford doublé par la grandeur et décadence de sa propre interprète, Faye Dunaway. Les personnages féminins de Maps… sont complexes et puissants, comme souvent chez le réalisateur canadien (Chromosome 3, Crash, Existenz). Ce sont elles qui deviennent mythiques dans le film, par leur histoire et leur motivation (Wasikowska) ou par leur dénouement (Moore). 

Ce qui les rassemble est l’un des thèmes récurrents de l’œuvre de Cronenberg : la séparation quasi-schizophrène entre l’image et l’identité. Hollywood est évidemment le terrain de jeu idéal pour un tel sujet. Cronenberg s’ajoute à cette lignée de grands films sur un Hollywood brisé, de Sunset Boulevard à Qu’est-il arrivé à Baby Jane en passant par Mulholland Dr ou le plus récent et miniature The Canyons. Avec son style propre, moins mélodramatique – le film n’est pas très émouvant – mais avec une étrangeté clinique assez fascinante. Pour cela, Cronenberg n’a pas eu peur de se salir les doigts avec des rebondissements juteux parfois échappés d’un épisode de Sunset Beach, contrairement à des auteurs plus frileux qui ne savent qu’auteuriser. Ce mélange de froideur et de vulgarité et l’une des singularités de ce règlement de compte mythologique déguisé en ensorcelant conte de cinéma.

Le Palmomètre: Le sujet de Maps to the Stars est-il palmable ? Plus simplement, David Cronenberg sera t-il enfin palmé ? Le film s'impose pour le moment assez facilement après un début de compétition assez faible. Julianne Moore fait également un bon pari avec un rôle et une prestation marquantes. 

Note : 5/6 

Cinemateaser

David Cronenberg aurait-il perdu tout son sens de l’humour ? C’est la question qui nous taraude à la sortie de la projection de son nouvel opus. Déjà avec COSMOPOLIS, on avait trouvé que le réalisateur se prenait un poil au sérieux. Mais on comprenait qu’il faille bien une cathédrale de cinéma pour abriter et adapter l’écriture singulière de Don DeLillo. Bizarrement, MAPS TO THE STARS cherche à s’inscrire dans la continuité esthétique de ce précédent film alors que les intentions des deux scénarios divergent fondamentalement. Si COSMOPOLIS était une fable moderne, MAPS TO THE STARS est assurément une farce. Et quoi de mieux qu’HOLLYWOOD pour faire grimacer son monde ? Le scénario de Bruce Wagner, auteur du roman déjà farcesque « Toujours L.A. », s’inscrit dans la droite lignée des pamphlets cyniques américains popularisés notamment par le style de l’écrivain Bret Easton Ellis. Tout y est exagéré, déformé, dévié pour rejouer à l’infini la rengaine bien connue qu’Hollywood est un lieu de rêve et de damnation. Et en l’état, la partition de Wagner est plutôt amusante tant elle épingle cruellement, sous forme de polar torve, des silhouettes monstrueuses de la pop culture, facilement reconnaissables. Ainsi, difficile de ne pas voir apparaître par exemple le fantôme de Frankie Muniz (acteur de MALCOLM) derrière ce personnage de jeune acteur névrosé et toxico. Evidemment, la caricature va loin et Wagner pousse le trait, s’amusant même à instaurer dans tout ça un soupçon de tragédie grecque, façon Atrides 2.0. Alléchant n’est-il pas ? Hélas, pourquoi donc David Cronenberg prend-il tout ça avec un tel esprit de sérieux ? Le script de Wagner, grotesque et méchant, appelait à une mise en scène pleine d’alacrité, qui n’aurait pas eu peur de se salir les mains dans l’outrance. Le Cronenberg 90’s aurait donc été parfait, avec juste ce qu’il faut de raideur pour que le délire éclate encore plus fort. C’est cet espoir qui rend la première partie du film intrigante. Il y a quelque chose de bizarre à voir ce scénario pop déglingué mis en scène avec une telle austérité. Les vannes fusent dans le silence le plus complet. On se dit que Cronenberg cultive l’étrangeté et le malaise sûrement pour mieux lâcher les chevaux. Il n’en est rien. MAPS TO THE STARS déplie sa noirceur et sa méchanceté morbide dans un monastère qui vise à éteindre toutes les mèches qui pourraient s’allumer. Mécanique et inhabité, le film accomplit sa tragédie comme on commande l’addition pour en finir. On nous répondra que cet aspect fantomatique et ascétique de la mise en scène sert justement un propos sur la désincarnation d’Hollywood. Sur ce terrain-là, THE CANYONS (de Paul Schrader) est alors nettement plus percutant. On attendait de Cronenberg un peu mieux qu’un simple objet théorique où les acteurs sont réduits à l’état de pantins. On a surtout la désagréable sensation que cette désincarnation du récit sert plutôt à consolider sa stature d’auteur respecté, en agitant de manière névrotique deux ou trois marottes, un peu éculées. Il y avait de belles promesses dans ce scénario et une galerie d’acteurs qui se seraient volontiers prêtés à la farce. Dommage que Cronenberg n’ait pas retenu, pour son premier « méta-film », la leçon de ses illustres prédécesseurs comme Altman, Minnelli ou Lynch. Il aurait su qu’Hollywood est une chose bien trop sérieuse pour ne pas être filmé sans fantaisie.

Le passeur critique

Hollywood Night

Quand on a lu que David Cronenberg réalisait un film sur Hollywood il était facile d'imaginer la charge évidente et cynique contre la vacuité de la célébrit, de l'argent et sur la décadence de la cité du cinéma. Un film comme The Canyons de Paul Schrader sorti récemment par exemple. Sauf que dans les mains de David Cronenberg ce projet ne ressemble absolument à rien de ce qu'on pouvait imaginer. Bien évidemment on retrouve une certaine verve ironique envers ces personnages d'acteurs qui sont prêts à tout pour se raccrocher à leur célébrité, qui se réjouiront de la mort de quiconque leur permettra de briller un peu plus longtemps sur le grand écran. Mais avant tout Maps to the Stars est quelque chose d'autre. Une comédie noire évidemment mais aussi et surtout autre chose, quelque chose de profondément unique.

J'écris ton nom

Il y a dans Maps to the Stars un poème qui est répété plusieurs fois. Ce poème c'est "Liberté" de Paul Eluard. Un poème relativement célèbre pour le public français dont la présence dans un film ayant pour sujet Hollywood est assez surprenante. Cependant on comprend très vite de quoi il retourne. Ce poème représente tout ce que ces personnages ont perdu. « Liberté j'écris ton nom » nous répète Paul Eluard. Mais cette liberté est justement l'élement essentiel qui manque à ces personnages. Tous leurs choix de vie, leurs quotidiens, leurs personnalités sont privés de cette liberté pourtant essentiel à l'homme. Si Paul Eluard a écrit ce poème en 1942 pendant la seconde guerre mondiale, les personnages de Maps to the Stars livrent également une guerre. Une guerre envers eux-mêmes, une guerre qui les éloigne chaque jour un peu plus de qui ils sont vraiment. Qui sont-ils d'ailleurs ces personnages ? On ne les connaîtra pas. De l'intérieur s'entend. En plus de la présence de ce poème, Maps to the Stars fait appel à la mythologie, à la cosmogonie, à la tragédie, au fantastique. Il est quelque chose que personne ne pouvait soupçonner. Une œuvre protéiforme enthousiasmante et mystérieuse qui ne cesse de se découvrir comme un artichaut pour en découvrir un cœur coulant noir comme la mort. Au départ un personnage arrive à Los Angeles et lorsqu'on lui demande d'où il vient il répond : « Jupiter, Florida ». C'est cela Maps of the Stars, des personnages qui viennent d'ailleurs, qui semblent toujours dans un décalage permanent et aliéné par rapport à la réalité (la star de 13 ans et son physique étrange d'adulte/enfant).

Unique et protéiforme

Il y aurait beaucoup à dire sur le film. Sur son étrangeté constante, sur ses ruptures de ton, sur son aspect aussi grotesque que bouleversant. Cependant on est devant un film qui ne se révélera jamais totalement, qui ne livrera pas ses secrets à l'aune d'un symbolisme quelconque. Il faut juste le prendre tel qu'il est. L'oeuvre d'un grand cinéaste en pleine possession de ses moyens qui parvient une fois de plus à renouveler son cinéma dans une évolution qui paraît presque logique tendant vers David Lynch auquel on pense beaucoup. C'est par ailleurs sans doute le plus grand film sur le mythe d'Hollywood depuis Mullholand Drive. On est face à une œuvre qui recèle encore de nombreux secrets, comme en premier lieu ce mystérieux scénariste à qui le film doit énormément, Bruce Wagner, scénariste entre autres de Freddy 3. La mise en scène de David Cronenberg est très froide, un peu en retrait, presque plate mais elle s'adapte finalement parfaitement à cette sensation de voir une épaisse couche de vernis sous laquelle il faut creuser quitte à se casser les ongles pour en découvrir la substantifique moelle. Et depuis la vision on creuse, on creuse et on n'a pas encore atteint le fond et espérons ne jamais l'atteindre subjugués que nous sommes par la beauté de chacune des couches qui se révèlent sous nos doigts.

Note : 5/5

Cinématraque

On avait laissé David Cronenberg sur son adaptation littérale et un peu bavarde du beau Cosmopolis de Don DeLillo, et sur un prometteur mais relativement décevant portrait de la relation Freud-Jung (A Dangerous Method). Il faut bien avouer que ces derniers temps, le Cronenberg de A History of Violence et Videodrome nous manquait pas mal, et que l’idée de focaliser nos espérances sur son Brandon de fiston était impossible, étant donnée l’ampleur du désastre Antiviral.


Maps to the Stars, nouveau film de l’auteur de la trilogie Chromosome (t’as compris ?), présenté en Sélection Officielle du Festival de Cannes, dépeint le quotidien de deux stars hollywoodiennes : Havana, une « fille de » vieillissante et presque has-been, mais obnubilée par l’idée d’interpréter le rôle de sa défunte mère dans un biopic, et Benjie, un enfant star venant de terminer une cure de désintoxication. Leurs deux histoires se rejoindront lorsque Agatha, sœur de Benjie, pyromane un peu tarée et au visage brûlé deviendra la femme à tout faire d’Havana.


Des visions fantomatiques, des relations incestueuses, de la drogue, des rivalités d’actrices, des secrets de famille : avec Maps to the Stars, le canevas que Cronenberg Sénior s’est tissé s’avère appétissant, bien plus proche de son univers tordu que de ses précédents films.


Et le nouveau trip du cinéaste canadien tient EASY toutes ses promesses.


En ancrant ses personnages dans un Hollywood dégueulasse, loin des fantasmes du wanabee lambda qui regarde Les Ch’tis à Hollywood en pensant à la belle Paris Hilton, il peut légitimer toutes ses digressions scénaristiques. Scène après scène, c’est rieur comme à ses débuts qu’il semble nous dire : « non mais vous ne connaissez pas le vrai Hollywood, moi je sais ce qu’il s’y passe ». Et le spectateur de se délecter des péripéties s’enchevêtrant et auxquelles les aussi détestables qu’énigmatiques (purement Cronenbergiens) héros sont confrontés.


Mais c’est au-delà de l’aspect farce de son œuvre que l’auteur du film avec le couple nymphomane qui fait des carambolages (tu l’as ?) ravit le plus. Le sentiment qui émane du film est celui de la liberté absolue d’un grand auteur de faire ce qu’il veut d’un bon budget (15 millions) et de grands acteurs bankables. C’est dans ce décalage du film de Cronenberg et de ce qu’il raconte, dans cette mise en abime aux possibilités infinies que la bonne idée réside.


On adore détester ces héros-acteurs et adorer ces acteurs-héros les campant avec une énergie communicative. Julianne Moore est excellente, comme John Cusack et les autres. De leur jeu émane également une liberté. Cette liberté pied-de-nez au blockbusters et au système hollywoodien explicitée en anaphore dans le film par les vers en anaphore d’Eluard (J’écris ton nom Liberté).


Pourquoi le film aura-t-il la Palme ?
 

- Pour Julianne Moore

- Parce que David Cronenberg n’a jamais été palmé et que, merde, c’est quand même un grand

- Parce qu’en l’absence de film mexicain dans la sélection, il fallait bien que quelqu’un daigne buter un chien dans son film, et que le canadien s’est gentiment dévoué.


Pourquoi le film n’aura-t-il pas la Palme ?


- Parce que c’est du Cronenberg, et l’effet de surprise est un peu faiblard, du coup

- Parce que depuis 25 ans, aucun film dont le titre commence par un M ne l’a reçue.

Paris Match

Planant bien au-dessus des simples mortels, dans les hauteurs d’une cité où les anges battent de l’aile dans un ciel toujours bleu, vit une tribu composée d’idoles, de déesses et de demi-dieux. Riches à l’excès, excessifs dans leurs plaisirs, désaxés dans leurs jouissances, exécrables dans leurs caprices, ces divinités peuplent un olympe bien contemporain que l’on nomme Hollywood. Plongeant sa caméra comme un bâton de dynamite dans une fourmilière dorée, David Cronenberg en extrait une poignée d’étoiles du 7e art et quelques-uns de leurs parasites. Supernova des blockbusters pour ados popcornisés, Benjie (Evan Bird) est une star en herbe et cocaïne. A 13 ans, il a déjà connu plusieurs cures de désintoxication. Sa mère (Olivia Williams) le couve comme un poulain aux œufs d’or. Quant à son père (John Cusack), il est coach de développement personnel (surtout celui de sa fortune). Il compte, parmi sa clientèle, Havana Segrand (Julianne Moore), une vedette vieillissante qui partouze sans conviction pour décrocher un rôle à Oscar. Elle vient d’embaucher comme assistante, Agatha (Mia Wasikowska), une jeune provinciale au visage à demi défiguré.

De vieilles brûlures qui vont rallumer la mèche d’une bombe familiale incestueuse… De retour à Cannes, le réalisateur canadien «trashe» dans la soupe hollywoodienne avec ce drame pamphlétaire adapté d’un scénario de Bruce Wagner. Pour sa vivisection cinématographique, le réalisateur de «Faux-semblants» utilise, sans anesthésie, les forceps de la tragédie antique. Si le film met un peu de temps à placer ses charges explosives sous le soleil californien, le bouquet final de son feu d’artifices (dans tous les sens du terme) est grandiose. Sublimement malsaine dans le rôle d’une actrice qui se raccroche pathétiquement aux branches les plus pourries de la gloire, Julianne Moore peut prétendre, avec ce rôle radical, au prix d’interprétation féminine. Déjà présent dans «Cosmopolis», le précédent film de Cronenberg présenté à Cannes en 2012, Robert Pattison n’hérite ici que d’un second rôle pour le moins satellitaire. Parfaitement bien dessinées, ces «Cartes pour les étoiles» vous mèneront directement à Hollywood, une planète à l’atmosphère aussi viciée que vicieuse.

Le Journal de Québec

Le très attendu Maps to the Stars du réalisateur canadien David Cronenberg a visé dans le mille et provoqué, dimanche soir, pour la première fois depuis le début du 67e Festival de Cannes, un fort vent d’enthousiasme sur la Croisette.

Les journalistes s’étaient déplacés en très grand nombre pour voir en primeur cette satire hollywoodienne à la fois drôle et tordue; si bien que c’était véritablement la cohue devant le Palais des festivals.

Au terme de la projection, les festivaliers étaient nombreux à encenser ce nouveau cru du réalisateur de Crash et A History of Violence. Sur les réseaux sociaux, on évoquait même la possibilité d’une Palme d’or pour Cronenberg.

Julianne Moore, Mia Wasikowska, Robert Pattinson et John Cusack font partie de la distribution de cet inclassable objet cinématographique qui se révèle être une puissante satire des valeurs hollywoodiennes.

C’est en effet dans le Hollywood tordu et névrosé que nous transporte le scénariste Bruce Wagner. La superstar de 13 ans Benjie Weiss (Evan Bird) habite avec ses parents dans la capitale mondiale du cinéma. Son père (Cusack), un célèbre coach de célébrités, compte parmi ses clients une actrice délurée (Moore) qui goûte à ses méthodes de thérapie pour le moins saugrenues.

La vie tape-à-l’œil de ce clan de disjonctés est bousculée lorsque la jeune Agatha (Wasikowska) débarque en ville. Les squelettes sortiront du placard et les passions se déchaîneront. Humour noir et bain de sang sont au menu de ce film caustique qui pourrait bien s’inscrire dans la lignée des meilleurs Cronenberg.

Dimanche soir, les savoureux dialogues de Wagner ont fait mouche et provoqué à maintes reprises de vifs éclats de rire dans la salle. La projection s’est terminée par une salve d’applaudissements, ce qui est loin d’être automatique lorsqu’il s’agit d’un visionnement pour les membres de la presse.

Reste à voir si cet enthousiasme se traduira par un prix pour Cronenberg, dont les films polarisent très souvent les cinéphiles. Lauréat du Prix spécial du jury pour Crash, en 1996, le plus connu des cinéastes canadiens n’a encore jamais mis la main sur la Palme d’or.

Le Soir.be

Ce qu’on attend 

Cronenberg, maître dans l’art de sonder les névroses, de mettre à vif les pulsions refoulées, s’attaque à Hollywood. On est dans l’impatience de voir le portrait de l’intérieur qu’il va en faire. Quel ton aura sa satire ? De quelle manière l’ultra-violence inhérente à ses films va-t-elle s’exprimer ?

Ce que j’en pense

Voici une grande farce névrotique. Humour noir, fantômes et bain de sang mis en scène avec un savoir-faire brillant et une maîtrise irréprochable. Cronenberg dépeint Hollywood comme un monstre dévorant, une sorte d’alien qui s’introduit dans les êtres, vedette vieillissante ou enfant star, et les transforme en pantins prétentieux, hystériques, névrosés qui ne pensent qu’à la réussite au point de disjoncter. Enfer et damnation. Tous pourris. Le discours de Cronenberg, qui tourne pour la première fois aux États-Unis, est sans nuance. Sur ce point, c’est un peu court.

L’interprétation de Julianne Moore, actrice accro.

Allociné

5 raisons de voir le film

- Pour le regard féroce et sans concession de Cronenberg sur le monde "merveilleux" d'Hollywood. Fascinant et... accablant.

- On ne la pensait plus capable de le faire... Julianne Moore repousse ses limites, toutes ses limites, une nouvelle fois. Une performance dérangeante, à ranger parmi ses plus grandes interprétations (Magnolia, Loin du paradis, Safe...)

- Parce qu'au coeur du film se trouve un poème de Paul Eluard, "Liberté", déclamé à plusieurs reprises par certains personnages. Cette oeuvre donne tout son sens vénéneux au long-métrage. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Cronenberg a déclaré qu'à Hollywood "la gloire est la vraie liberté" (Lire le secret de tournage "Poésie").

-  Pas encore convaincus par Robert Pattinson ? La saga Twilight lui colle encore trop à la peau ? Avec "Maps to the Stars", il l'arrache définitivement.

-  Pour les deux séquences (radicalement opposées) aux toilettes...

Huffington Post

Le couple formé par Robert Pattinson et David Cronenberg revient sur la Croisette deux ans après Cosmopolis, adaptation du roman de Don DeLillo, pour livrer une satire d'Hollywood intitulée Maps to the Stars comme un manuel de survie destiné aux âmes égarées de Los Angeles - et Dieu qu'elles semblent nombreuses.

(...)

Qui crève l'écran ?

Robert Pattinson, R-Patz, pour les intimes, retrouve le chemin des limousines dans le rôle d'un chauffeur/apprenti acteur et réalisateur. Il croisera sur sa route Julianne Moore dans le rôle d'une starlette à tendance pimbêche et Mia Wasikowska, cible de sa passion. On retiendra aussi la présence d'acteurs confirmés comme Olivia Williams et John Cusack ainsi que de la nouvelle muse de Cronenberg, la jeune canadienne Sarah Gadon.

Le Monde

Il y a plusieurs strates à découvrir dans le nouveau film de David Cronenberg, plusieurs niveaux de lecture et de sens, de réalités aussi, qui en font un des objets les plus étranges, les plus excitants pour l'esprit et les plus faussement évidents projetés jusqu'à présent au Festival.
 
Maps to the Stars fut d'abord un scénario signé Bruce Wagner (notamment connu pour avoir écrit la série « White Palms »), que Cronenberg aura mis huit ans à porter à l'écran. Il serait simple (et certes pas inexact) de voir d'abord dans le film un portrait au vitriol d'Hollywood, une charge contre l'usine à films portraiturée ici comme un haut lieu de névroses, de vices et d'inhumanité.
 
Divers personnages se croisent avant que l'on comprenne les liens qui les unissent : une mystérieuse jeune fille (Mia Wasikowska, fragile et inquiétante) apparemment en quête d'un travail et qui devient l'assistante d'une actrice mûrissante angoissée par la perspective de ne plus obtenir de rôles (Julianne Moore, insensée de cruauté hystérique et manipulatrice), un jeune chauffeur de limousine qui veut devenir acteur (Robert Pattinson), un cynique thérapeute-gourou-coach pour comédiens (John Cusack), un enfant-star totalement capricieux et ordurier (Evan Bird).

Selon le cinéaste et le scénariste, chaque situation mise en scène correspondrait à une réalité éprouvée, et seule la condensation de celles-ci dans un temps et un espace restreints relèverait de l'exagération satirique. Il est vrai qu'Hollywood apparaît ici comme un monde corrompu où les lois les plus élémentaires de la décence sont annihilées par l'angoisse, le remords et la compétition, où une actrice danse de joie en apprenant qu'elle hérite d'un rôle parce l'enfant de celle à laquelle il était destiné est mort, où un gamin-star fait état de sa valeur en millions de dollars dans les négociations avec les cadres des studios.

LA PEINTURE D'UNE COMMUNAUTÉ GANGRENÉE

C'est sans doute avec la peinture de cette communauté gangrenée que Cronenberg retrouve ses obsessions, cette manière inégalée de peindre ce qui est à la fois une réalité et un concept (ici Hollywood) comme une entité organique mutante et pourrissante (que les cicatrices de brûlures sur le visage et les bras de Mia Wasikowska représentent exemplairement). Incestes et fratricides, souvenirs réapparaissant inéluctablement sous la forme de spectres, figurent une monstruosité qui s'enroule sur elle-même et ne produit plus que du déchet (les mauvais films dont on entrevoit les tournages).

LES POUVOIRS DU CINÉMA

Il y a pourtant encore autre chose, de plus profond, de plus perturbant, dans Maps to the Stars, qui semble à la fois continuer et enrichir la réflexion entreprise par David Cronenberg depuis au moins son film Spider (2002). Comment le cinéma peut-il représenter des espaces (mentaux ou concrets) dans lesquels la notion même de réel devient problématique ? Il ne s'agit plus ici du cerveau d'un schizophrène heurté parfois par des bouts de réalité (Spider), ni d'une familiarité peu à peu envahie par le fantasme (A History of Violence, 2005), ni d'un système, le capitalisme, dont la base concrète, l'argent, est devenue invisible et abstraite (Cosmopolis, 2012). Ici, les titres de films (en l'espèce Bad Baby Sitter, dont le jeune acteur star tourne un remake) renvoient à un traumatisme réel (sa sœur ayant manqué de le tuer alors qu'il était, bébé, sous sa garde).

 Lieu des récits destinés au monde entier, l'Hollywood de Cronenberg est un endroit où, désormais, ce qui est réel, imaginaire (les fictions qui s'y écrivent) et symbolique (le cinéma qui s'y fabrique) cesse d'être distingué. C'est un désert que quelque chose de fatal a désormais envahi. Finalement, il n'est pas sûr que Maps to the Stars parle vraiment d'Hollywood. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il parle des pouvoirs mêmes du cinéma.

Gala

Deux ans après Cosmopolis, David Cronenberg revient en sélection à Cannes avec Maps to the Stars : un portrait au vitriol de l’Hollywood monstrueux.

Dans la droite lignée de ce qu’il sait faire, le réalisateur des Promesses de l’Ombre lève le voile sur sa perception diabolique de la Cité des Anges. Le cinéaste a avoué s’être inspiré d’anecdotes réelles dont il a été le témoin. On devine au cours de l’intrigue des névroses – en plus de similitudes physiques - qui pourraient être celles de Justin Bieber, Lindsay Lohan, Kris Jenner (Kardashian mère) ou d’un Keanu Reeves en fin de carrière. Julianne Moore dans le rôle de la starlette déchue qui ne renonce pas à sa gloire est criante de vérité et d’audace. Le désespoir et la cruauté de la jeunesse dorée hollywoodienne condensent une angoisse qui ne cesse de s’amplifier. Les mutilations du corps – les cicatrices des brûlures, les massages appuyés, la question de l’inceste, les drogues omniprésentes – rendent organiques le caractère dérangeant (même si sans doute inspiré) des réalités hollywoodiennes. Affreusement délicieux. Délicieusement affreux.

Note : 2 étoiles

Vogue

David is back! Oubliés les moroses et fastoches Cosmopolis ou A Dangerous Method, Cronenberg revient à son domaine de prédilection, à savoir le rugueux, le trash, les personnages tarés et les ambiances hypnotiques.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/cinema/maps-to-the-stars-cronenberg-trucide-hollywood-dans-un-film-hypnotique_1544551.html#Fbw81rOUvMo8vwcS.99
Dans Maps to the Stars présenté en compétition officielle, l’actrice au teint diaphane troque sa rousseur légendaire contre un blond californien et se glisse dans la peau de Havana Segrand, une star de cinéma sur la touche et sérieusement névrosée.

Désespérée de décrocher le rôle qui relancerait sa carrière, cette petite fille naturelle de la Gloria Swanson de Boulevard du Crépuscule végète entre crises de larmes, délires hallucinatoires, séances de torture chez un coach/gourou et visionnage en boucle dans son lit des films dans lesquels jouait sa mère (star elle aussi morte avec laquelle elle traîne un gros dossier…). Corps en avant (et quel corps…), le visage poignant signant que quelque chose craque, Julianne Moore réussit une performance à couper le souffle passant en un éclair de la séduction à la folie, de la fragilité à la tyrannie. Au point d’éclipser le casting rutilant de cette Hollywood Babylone celluloïd, dramatique satire du star system sous couveuse de la cité des anges : Robert Pattinson, Mia Wasikowska et John Cusack. Rien que ça.

Toute La Culture

Des « Maps » aux ramifications ambigües : le nouveau David Cronenberg débute comme une radiographie des névroses des vedettes d’Hollywood, et s’achève comme une tragédie familiale. Dans les récents travaux du maître canadien, A history of violence ou Les Promesses de l’ombre, des éléments de scénario nous avaient irrités. On remarque peu d’incohérences, cette fois: ainsi, dans la famille du petit Benji (remarquable Evan Bird), star de Bad Babysittor, tout le monde est malade du succès, du père (John Cusack) à la soeur, en passant par la mere (intense Olivia Williams). Aussi malade qu’Havana Segrand, reine du cinéma déchue incarnée par une ACTRICE, une vraie, l'éblouissante Julianne Moore. Tout le monde a des visions: Benji est hanté par une gamine morte sur un lit d’hôpital, Havana par sa mère (Sarah Gadon). Et il y a un cadavre sexuel dans chaque placard… Dans le rôle du catalyseur: Mia Wasikowska. Alice au pays des horreurs. Gantée de noir, comme dans un Cronenberg grand cru d’antan. Brrrr.

Mais les ingrédients permettent-ils à la potion de prendre ? Que retenir, en termes de message ? Un statut de star ne se construit-il que sur des blessures ? La liberté qu’il offre est-il un leurre ? On est en droit de vous laisser bâtir votre interprétation, sur ce film-là. Si, en prime, vous pouvez nous l’expliquer, merci. Cronenberg a toujours été friand de changements de direction brusques. Ici, les tracasseries particulières s’élèvent vers une tragédie à la limite du mystique. L’impression d’un entre-deux demeure, au final: faut-il s’énerver de ne pas voir clairement le lien entre les deux dimensions ? ou ne pas chercher à tout comprendre, et juste ressentir ?

Ce dernier cas de figure demeure heureusement aisé. Car côté talent, l’ami David a toujours la main. Sur le plan technique, Maps to the stars est rempli de partis-pris : les dialogues orduriers sont à écouter avec attention, dans la prolongation du principe de Cosmopolis ; des noms propres y tombent comme en avalanche ; la musique est superbe… Ces éléments doivent-ils entrer en compte dans l’interprétation du film ? Franchement, on ne sait pas. Mais vraiment pas. Allez-y.

Note : 4/5

Ecran Large

Aussi brillantes et profondes qu'aient été les récentes incursions de David Cronenberg dans la psychiatrie et le nihilisme post-moderne, nombreux ont été les spectateurs à ne pas adhérer à des œuvres aussi complexes et intrinsèquement déceptives que Cosmopolis ou A Dangerous Method. Œuvres ignorées à tort, elles n'en témoignaient pas moins d'un certain épuisement formel de leur auteur, ou tout au moins d'une inquiétante interrogation quant à la forme que prenait sa carrière. Avec Maps to the stars, le prophète de la Nouvelle Chair s'offre-t-il une cure de jouvence ou un pensum supplémentaire ?
 
On attendait de pied ferme un renouveau du cinéaste par l'image. Après quasiment une décennie de filmage ascétique, voire clinique, le grotesque sanguinolent qui fit la marque du réalisateur, son goût pour les chairs mutantes manque et désarçonne. Qu'on se le dise, le David Cronenberg des années 80 semble tout à fait disparu. Mise en scène d'une affolante discrétion, photographie atone, si la réalisation du Canadien fait une nouvelle fois preuve d'autant de sobriété que de maîtrise, certaines baisses de rythme et hésitations trahissent combien l'auteur est engoncé dans un système dont il a fait le tour.

Pour autant, Maps to the stars pourrait bien réconcilier (à raison) une partie du public avec l'artiste qui retrouve ici une verve et une agressivité qu'on ne lui connaissait plus. Récit des turpitudes de la société du spectacle autant que quête d'un absolu de liberté corrompu par le souffre des flash, le film se mue rapidement en une comédie féroce absolument hilarante. Grâce à l'excellent scénario de Bruce Wagner, Julianne Moore et John Cusack se livrent à un ballet décadent absolument prodigieux, où la vulgarité embrasse l'ignominie avec un bonheur certain. 

Plus qu'un simple pamphlet à l'encontre de la nullité vénérienne d'une époque honnie, Maps to the stars s'offre quelques rares mais puissantes respirations visuelles, versant parfois carrément dans le fantastique. Alors qu'il joue avec perversion de la figure du fantôme, le metteur en scène s'amuse également du spectateur, tour à tour juge et partie, voyeur et victime des torrents d'immondices déversés à l'écran par une famille de stars tout à fait abominables. L'œuvre est ainsi émaillée de tours de forces réguliers, à l'image d'une Mia Wasikowska pulvérisant le quatrième mur dans un sursaut de violence libératoire. S'il ne signe pas le retour en grâce tant attendu du maître de l'horreur anatomique, le métrage pourrait bien être le premier d'un nouveau cycle, plus léger que le précédent, libéré de ses ambitions auteurisantes et théoriques.

EN BREF : Imparfait, dissonant et souvent bancal, Maps to the stars n'en demeure pas moins une saillie drôle et détonnante, qui tranche assez radicalement avec la tonalité de la filmo du maître..

Note : 3,5/5

Culture Box
Il a quasiment son rond de serviette sur la Croisette, mais n'a jamais remporté la Palme. "Crash" avait tout de même décroché en 1996 le Prix spécial du Jury et il a été président du jury en 1999 : David Cronenberg présente "Maps to the Stars", avec John Cusack, Robert Pattison, Julianne Moore et Mia Wasikovska. Cinquième participation à la compétition ; cette fois, c'est la bonne ?
A cette heure, Cronenberg mériterait la plus haute marche, tant son film projeté en première de presse mardi soir est enthousiasmant. On assiste là au retour du vrai Cronenberg qui s'était quelque peu éloigné de ses thèmes de prédilections, inventés par une filmographie d'une rare cohérence.  "A History of Violence", "Les Promesses de l'aube", "A Dangerous Method" sont de beaux films. Mais "Cosmopolis" (en compétition à Cannes en 2012) en avait laissé plus d'un sur le bord de la route. Le Canadien semblait s'être détourné de sa patte unique. Elle revient en grande force avec "Maps to the Stars", où réapparaît en puissance le thème de la "nouvelle chair" conductrice de tout son œuvre, une folie labyrinthique démesurée à la "Crash", une violence psychologique et visuelle uniques, adaptée au microcosme hollywoodien. Sublime.

La Presse.ca

Maps to the Stars est un David Cronenberg comme on les aime : tordu, déjanté, bizarre, avec de l’humour noir et une touche de brillance. Le réalisateur canadien a livré un grand cru à Cannes et rendu les choses intéressantes pour la Palme d’or dans une compétition jusqu’ici assez moyenne. Mais, honnêtement, il faudra peut-être plus regarder du côté d’un Prix d’interprétation pour Julianne Moore, brillante dans ce film caustique sur l’ambition démesurée de la faune hollywoodienne.
 Car ce nouveau long métrage ne s’attaque pas tant au système — bien qu’il décoche plusieurs flèches au passage — qu’à ceux qui l’habitent. Maps to the Stars cible une famille plus que dysfonctionnelle composée d’un enfant star malveillant qui sort de cure de désintoxication (Evan Bird), d’une mère névrotique (Olivia Williams) et d’un père coach de vie égoïste (John Cusack). Parmi ses clients, Havana (Julianne Moore), une actrice sur le déclin obsédée par sa mère.

Leur écosystème sera fortement perturbé par l’arrivée d’Agatha (Mia Waskowska), la fille défigurée du couple, internée après avoir mis le feu à la maison familiale. Son retour va lever le voile sur un monstrueux secret. Comme souvent chez Cronenberg (Crash), il y a une part de fantastique : des fantômes d’enfants qui hantent les protagonistes.

Les thèmes habituels sont là (il y a même une baise dans une voiture). Mais Cronenberg signe un film moins extrême et moins sanguinolent qu’à l’habitude. Sa mise en scène est discrète, laissant toute la place aux dialogues incisifs.

Le cynisme du réalisateur est dérangeant, mais il fait aussi partie de sa signature. Et comme de coutume, son film risque de provoquer des réactions extrêmement partagées — j’ai beaucoup aimé.
C’est pour ça que la Palme d’or, pas sûr. Par contre, Julianne Moore, récompensée à Berlin et à Venise, pourrait bien compléter le tour du chapeau. Sa présence intense, sa capacité de repousser les limites et sa forte présence à chaque apparition en font une candidate de choix. Toute la distribution est très bonne, d’ailleurs.

Après le ratage d’Egoyan, Maps to the Stars vient raviver les possibilités (si minces soient-elles) d’une Palme d’érable. Mais il reste aussi Mommy de Xavier Dolan, qui sera présenté officiellement jeudi.
7sur7be

Hollywood. Les lettres blanches surplombant la ville font rêver tous les acteurs. Pour David Cronenberg, c'est plutôt un cauchemar. "Maps to the stars" dépeint Hollywood comme un univers glacial, composé de personnalités égoïstes, superficielles, capricieuses et névrosées. Chaque protagoniste est rongé par l'anxiété: ils sont prêts à tout pour rester au top de leur carrière.
  Julianne Moore est Havana Segrand, star de ciné vieillissante, qui rêve désespérément de tourner dans le remake d'un film des années 1950 dans lequel sa défunte mère jouait. Havana compense le manque d'affection maternelle de son enfance par une obsession folle de la célébrité. Elle a des hallucinations nocturnes et prend des médicaments comme des bonbons.

Son thérapeute l'aide à évacuer ses angoisses avec des méthodes de relaxation improbables. Le fils de ce gourou qui se voit un peu comme le dalaï-lama d'Hollywood est la star d'une franchise à succès. La carrière de ce gamin infernal est géré par sa mère à la poigne de fer. Benjie a des faux airs de Justin Bieber: il est ignoble avec ses proches, méprisants avec ses fans. A 13 ans, il vient de suivre sa première cure de désintoxication.

Agatha, nouvelle venue sur les hauteurs hollywoodienne, décroche, elle, un job d'assistante chez Havana. Elle craque pour un apprenti acteur chauffeur de limousine.

Impossible d'éprouver de l'empathie pour le moindre personnage de ce film. Ils ne pensent qu'à l'argent, à la gloire. Ils sont tous drogués et aucun ne connaît la signification du mot scrupule. Havana va jusqu'à se réjouir de la mort d'un enfant parce que le drame lui permet de décrocher le rôle tant espéré.

"Maps to the stars" est l'histoire d'un monde où on est vieux à 23 ans, où les fans achètent les excréments de leur idole à prix fous. C'est malsain, féroce et vicieux. Les acteurs ont dû faire preuve d'une sacrée dose d'autodérision pour accepter de participer à "Maps to the stars". Les éclats de rire ont régulièrement fusé dans la salle. C'est divertissant et ça pourrait rapporter le prix d'interprétation à Julianne Moore, complètement frappadingue.

Le Vif.be

Tout cela est mordant, affolant et tordu juste comme il faut, tout en étant magistralement (dés)incarné et brillamment mis en scène. Mais si l'on rit assurément beaucoup, on ne peut s'empêcher de trouver l'ensemble un peu facile, certainement s'agissant d'un réalisateur comme Cronenberg...

Vodkaster

Attendu au tournant depuis qu'il a pris un virage un peu trop chichiteux (et parfois même franchement abscons), Cronenberg devrait enfin ravir vieux de la vieille et nouveaux fans avec cette satire hollywoodienne toujours à la recherche de son équilibre co(s)mique.

Entre farce mélancolique, inceste et beauté capiteuse, MTTS renoue avec la veine fascinante qu'il avait perdue depuis Crash.

Évidemment, on imagine sans trop de mal que le regard porté par Cronenberg sur cette industrie, dont il a toujours voulu se tenir éloigné, n'est pas spécifiquement complaisant.
Et en effet, la satire est d'une efficacité jubilatoire (notons au passage la performance au poil de toute la distribution). Penser toutefois qu'il s'agit d'un simple jet un peu évident à la face du grand Hollywood serait manquer complètement le coche.
Car s'il s'agit de renvoyer cette industrie à ses origines incestueuses, il est surtout question pour Cronenberg de s'interroger sur les rapports ambigus qu'il entretient lui-même avec la grande mamelle. La façon dont elle nourrit tout son cinéma.
Comme le laisse présager le titre, le film commence donc avec un voyage. Tout juste débarquée à L.A après un séjour en hôpital psychiatrique, Agatha Weiss, jeune schizophrène stabilisée, cherche à savoir auprès d'un chauffeur de limousine (Robert Pattinson) s'il existe une « carte des stars ». Le début d'un jeu de piste dans la constellation Cronenberg, qui fait se relier tous les éléments entre eux.

La farce peut alors se déchaîner dans un méli-mélo qu'on croirait être une vision psychanalytique et torturée de Cent ans de Solitude en Californie: la fille, ancienne gloire du cinéma (Julianne Moore) veut tuer la mère - déjà morte-, dont le spectre vient hanter la fille bien vivante, des enfants outranciers (merveilleux Evan Bird) prennent du GHB et se retrouvent propulsés au rang de stars imbuvables, le frère couche avec la sœur, l'imaginaire se fond au réel etc, etc. Seul émerge dans ce grand fatras la grâce d'un Degas dans les atours d'Agathe et la poésie d’un Éluard dans sa bouche, comme une petite brise fraîche. Pour le reste, oubliez tout ce que vous chérissez de valeurs un peu morales : il n'y a plus de règles. Tout est nivelé et plutôt par le bas.
Mais c'est aussi ce qui fait la grande beauté de cette carte d'un territoire effondré : son harmonie, sa volupté, son sens par dessus le non-sens. Et d'ailleurs, lorsque Cronenberg fait se fondre ses rejetons malades avec les étoiles, il est permis de penser qu'il ne s'agit pas seulement d'une satire d'Hollywood, mais aussi la fin du voyage, l'évocation de sa propre cosmogonie.
Première
Après l’escroquerie absolue Cosmopolis, Cronenberg revient avec une autre adaptation littéraire qui peut donner l’illusion d’un peu plus de substance puisqu’elle annonce une satire fielleuse d’Hollywood, comme une version contemporaine de Day of the locust.
C’est probablement ce qu’avait en tête l’auteur du roman, avec cette histoire de famille pourrie, révélatrice de la dégénérescence du système : le père (John Cusack) a fait fortune comme guérisseur de stars, la mère (Olivia Williams) gère la carrière d’acteur du jeune fils déjà toxico (amusant Evan Bird), tandis que la fille aînée suicidaire (Mia Wasikovska) réapparaît pour faire sortir tous les cadavres puants du proverbial placard. Parallèlement, une actrice has been jouée en roue libre par Julianne Moore apporte une surcharge d’hystérie.

En vieil universitaire qu’il est, Cronenberg a amplifié les parallèles avec les références mythologiques (ici les Atrides), et placé autant d’effets de signature que possible ( meurtre de chien, sodomie avec Julianne…) pour donner l’impression qu’il est toujours en contrôle. Hélas, depuis Existenz, qui marque le début de son déclin, il a perdu le mojo qui faisait de lui un petit maître réellement singulier et inventif.

Aujourd’hui, il n’est plus inspiré que par la vénération irréversible que lui vouent les doctrinaires qui le considèrent comme infaillible depuis qu’ils l’ont officiellement qualifié d’auteur.

Nouvel Obs
"Maps to the Stars", le nouveau Cronenberg en lice à Cannes – c’est quasiment systématique depuis quinze ans – pose la question d’une lassitude potentielle s’agissant de désir cinéphile. Et puis non, la maîtrise incandescente du maître canadien, son style de plus en plus coupant et compacté renvoie au film suivant la crainte d’une sélection de trop.

C’est d’autant plus remarquable que "Maps to the Stars", par sa seule nature de satire hollywoodienne, creuse un sillon assez convenu aussi bien sur la forme que sur le regard qu’il pose ou, du moins, sur les questions qu’il soulève. Il y est ici comme ailleurs affaire de rivalité sauvage, de mesquinerie dentelée et de voracité tous azimuts entre stars décaties, train-train que Cronenberg se contente de conduire en réglant quelques manettes à sa mesure – la sempiternelle obsession de la contamination, le fantastique, la mutilation, etc.

La démonstration de force n’en est que plus prodigieuse, au sens où le film semble monter en intensité dès que le cinéaste le désire. Au détour d’un plan banal, d’un passage obligé, hop !, l’étrangeté survient, un éclair d’intelligence, un cadrage, une fulgurance visuelle traversent la scène et l’ensemble de monter en gamme instantanément, comme possédé. Une séquence clé résume tout, une partie de roulette russe exécutée par une sorte de simili Macaulay Culkin monstrueux de corps et d’esprit cynique, électrisant par la même l’échange de méchantes jacasseries qu’il entretient avec ses jeunes copains du show-biz.

Du coup, le film porte bien son nom, puisque semblable à un quadrillage territorial entrepris par un cinéaste sniper dont l’alternance d’implication et de relâchement engendre une imprévisibilité, une respiration plus tordue mais aussi plus racée que la surface un peu lisse de "Maps…" aurait pu le laisser transparaître.

Tout le ciné.com

David Cronenberg est passé par Cannes pour présenter Maps to the stars son nouveau pamphlet acide et cruel. Cette fois c'est Hollywood qui sert d'arrière plan, mais c'est bien l'histoire du monde qu'il raconte, un monde désabusé et qui court à sa perte, mais devant lequel on rit énormément.

Comme on attendait le nouveau film de Mr Cronenberg, qui nous avait délicieusement dérouté avec son Cosmopolis, satyre acide sur l’univers boursier. Univers que l’ion ne quitte pas vraiment avec Maps to the stars, qui débute dans une voiture, comme Cosmopolis se clôturait, et qui y voit évoluer aussi les mêmes personnages désespérés, errant sans but, à part celui du bonheur, seule chose qu’ils ne peuvent posséder, dans une même humanité désabusée par l’argent et le pouvoir. Wall street devient Hollywood mais rien n’a changé, les valeurs y sont les mêmes, la morale et la vertu y est toujours absente et les êtres deviennent de simples caricatures d’eux-mêmes, condamnés à la folie et à la mort.

 Cette mort qui traverse tout le long-métrage, comme une punition céleste inévitable qui s’abat sur le microcosme hollywoodien, qui se regarde lui-même, produit les mêmes films, emploie les mêmes acteurs, les mêmes réalisateurs, jusqu’à en devenir incestueux. La gloire et sa recherche constante par les personnages, comme un moyen de reconnaissance, n’est que destructrice et ne fait qu’attirer les fantômes du passé sur la colline condamnée elle-même à disparaître. C’est en tout cas le constat du réalisateur qui peint un Hollywood qui ne parvient plus à se renouveler, dans lequel même les enfants, ceux par qui l’espoir de renaissance devrait arriver, tuent et meurent.

La fin ne peut être que tragique dans cet ensemble dénué de tout espoir, le sang et la violence ne tardent pas à arriver eux aussi, comme seule issue possible à cette fable cruelle que nous conte Cronenberg. Le réalisateur est passé maître dans le domaine, et s’il ne nous étonne pas complètement, il parvient encore à nous séduire par son œil acide et ironique toujours. Avec Maps to stars il regarde une nouvelle fois le monde comme un théâtre de cruauté, dans lequel l’accès au bonheur est impossible, mais où le rire, est définitivement inévitable.

Programme Tv

L’HOMME DU JOUR. Le chéri de ces dames est loin de l’univers de Twilight dans Maps to the Stars, présenté le 19 mai en compétition officielle.

Il voudrait casser son image qu’il ne ferait pas mieux ! Révélé par la saga romantico-fantastique Twilight, adulé par des millions d’adolescentes à travers le monde pour son rôle d’Edward, le vampire amoureux, Robert Pattinson semble désormais se démener pour briser cette image de beau gosse et s’affirmer comme un vrai comédien. Il y a déjà eu Cosmopolis de David Cronenberg, en compétition à Cannes il y a deux ans, puis un rôle d’amant manipulateur dans Bel Ami, sorti en juin 2012. Et le voilà qui retrouve David Cronenberg dans Maps to the Stars, sorte de dynamitage en règle du mythe hollywoodien, présenté en compétition ce lundi 19 mai.

Le beau Robert n’est qu’un personnage parmi d’autres dans cette galerie de névrosés plus ou moins sévères qui s’agitent dans un océan de luxe indécent. Il incarne un chauffeur de limousine qui se rêve scénariste et va croiser plusieurs personnes hautes en couleur. Il y a Benji (Evan Bird, vu dans les séries The Killing ou Fringe), acteur star de 13 ans, et sa famille en proie à quelques problèmes existentiels. Mais aussi Havana Segrand (Julianne Moore), comédienne reconnue qui rêve de décrocher un rôle dans le remake d’un film culte dans lequel jouait sa défunte mère ou encore Agatha, son assistante qui cache un lourd secret (Mia Wasikowska).

Il est évidemment facile de rester de marbre devant les problèmes d’ego de cette galerie de privilégiés. Le massacre en règle orchestré par Cronenberg, qui sort en salles ce mercredi 21 mai, vaut cependant le détour, tant il pose une lumière crue sur la superficialité et l’hypocrisie en vogue dans La Mecque du septième art.

Il faut voir Pattinson « honorer » avec une certaine violence une Julianne Moore quelque peu nymphomane à l’arrière de son véhicule. « J’ai beaucoup transpiré lors de cette scène. Julianne Moore a été formidable », a-t-il dévoilé lors de la conférence de presse, qui se déroulait ce lundi 19 mai. Assurément l’une des scènes choc de la quinzaine. Robert a bien grandi.

Melty

Le vernis d’Hollywood est plus craquelé que jamais dans Maps To The Stars. Incestueux et monstrueux voilà le monde du cinéma que dépeint Cronenberg. La très mordante satire d’Hollywood qu’il propose rend son film drôle même si la convocation des spectres du passé fait très vite planer une ambiance inquiétante. Pendant deux heures on assiste à un superbe jeu de massacre où les personnages se révèlent plus dérangés les uns que les autres. Ainsi, en incarnant une actrice en perte de vitesse dévorée par ses traumas et vivant dans l’ombre du souvenir de sa mère, Julianne Moore donne le meilleur d’elle-même dans une partition tout sauf glamour. Tour à tour hystérique, égoïste et cruelle, l’actrice pourrait bien décrocher un prix d’interprétation avec ce rôle en or.

Mia Wasikowska compose quant à elle un superbe ange exterminateur, comme un prolongement du rôle de vampire insouciante qu’elle tenait dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush et qui venait perturber le couple Adam&Eve. Les brûlures qui lui couvrent une partie du visage ne sont que le signe annonciateur de l’incendie qui va se propager dans la petite communauté hollywoodienne que filme Cronenberg. Malgré l’opulence, les millions ne permettent pas à se racheter une conscience ou une âme. Alors que les personnages étouffent sous la puanteur de leurs actes, seul le fameux poème de Paul Eluard « Liberté » vient donner une respiration, voir un espoir de rédemption mais à quel prix ? Pour le découvrir, on vous invite donc à aller voir Maps to the stars.

Critique Film

Drame burlesque iconoclaste sur les rêves illusoires des aspirants vedettes qui peuplent Hollywood de leurs carcasses ravagées, Maps to the stars est une charge magnifiquement drôle et cruelle contre les fausses gloires qui peuplent un monde où l’ubris est dans l’ADN de tous ses habitants.

Julianne Moore est atrocement brillante en éternelle fille de sa mère, malhonnête, inhumaine et ambitieuse. Malgré le sentiment d’horreur qu’elle dégage, elle est belle, admirable et trouve l’un de ses rôles les plus marquants, à l’égal de ses plus grandes performances dans Safe et Loin du paradis.

David Cronenberg dessine une satire cruelle et magnifiquement outrancière de l’usine à rêves qu’est Hollywood où les dents rayent un parquet meurtri jusqu’à l’os. Avec un humour au vitriol et des répliques cinglantes, il démonte les espoirs et les ambitions diffuses de personnalités ravagées par leurs fantômes. Les critiques touchent tout le monde, avec une belle collection de noms de célébrités moqués plus ou moins gentiment mais sans abus de caméos de vedettes dans leurs propres rôles. Celle de Carrie Fisher est savoureuse. Sans en révéler le contenu, rappelons que l’interprète de la princesse Leia est elle-même la fille d’une grande légende du 7ème art, Debbie Reynolds et l’auteur de Bons baisers de Hollywood, roman dans lequel elle raconte les relations conflictuelles entre une mère et une fille toutes deux actrices, même si elle dément tout lien avec sa propre histoire…

Le scénario multiplie les séquences hilarantes, pénibles, choquantes avec un art de la dérision salutaire. Bruce Wagner a écrit une partition d’une grande originalité dans son ensemble même si des éléments épars sembleront familiers aux cinéphiles et amateurs de potins.

Comme toujours, la sexualité des antihéros cronenbergiens est un élément majeur de caractérisation, sans limite d’âge et d’orientation. Les tabous sont brisés, l’inceste, la scatologie, les coucheries utiles pour la carrière, rien ne nous est épargné, sinon l’amour fleur bleue, à peine esquissé et détruit par la volonté d’une femme si cruelle qu’elle assume avec un sourire démoniaque de chanter Goodbye de Kristinia DeBarge lorsqu’elle apprend une bonne nouvelle pour elle, une moins bonne pour sa rivale dans un casting.

Dans cette superbe galerie de freaks et autres monstres plus pervers les uns que les autres, la distribution est d’un très grand niveau. Olivia Williams est une mère à enfant vedette terrifiante, bien plus que ne l’était Anna Magnani dans Bellissima. John Cusack est son mari, un gourou et coach de vie, pas du tout à l’écoute de sa famille (avec de terribles répercussions) et incapable d’accepter la remise en cause de ses certitudes. Mia Wasikowska est doucement fragile avec ses séquelles physiques et morales insurmontables. Pour son plus grand bien, Robert Pattinson retrouve une nouvelle fois David Cronenberg, même s’il doit accepter de se retrouver dans une limousine de plus petit modèle que dans Cosmopolis. Le jeune Evan Bird, parfait, est atrocement crédible en hybride trop cynique, surtout pour son jeune âge, de Justin Bieber et Frankie Muniz (la série Malcolm).

Le récit glisse vers une mythologie d’aujourd’hui où les dieux vont punir ces atroces représentants d’un monde en perte de vitesse et pas de Noë miraculeux pour les racheter de leur ubris démesuré. Heureusement, Cronenberg n’est pas un moralisateur mais un caricaturiste avisé qui croque ses modèles en faisant ressortir l’horreur intérieure à l’air libre. Il joue avec les grandes références divines et fantasmagoriques, allant jusqu’à faire (avec ironie) de celle par qui le mal explose une fille tombée de Jupiter. Les esprits apparaissent soudain et entraînent les vivants en enfer, et l’on ne parle pas ici d’un monde sans narcotiques…

Deuxième réalisateur canadien en compétition cette année après Atom Egoyan et avant Xavier Dolan, Cronenberg réalise une nouvelle grande œuvre qui devrait lui permettre d’obtenir bien plus que le modeste prix du jury récolté pour Crash en 1996. On ne peut que le souhaiter avec cette mosaïque féroce, mais une première certitude : Maps to the stars est l’un des moments forts de la compétition et gagnera à être revu pour en saisir les multiples strates, comme son lointain cousin, le Mulholland Drive de David Lynch…

France 24

Choyé sur la Croisette, Hollywood l’est moins dans les salles. Avec "Maps to the Stars", présenté en compétition, David Cronenberg se livre même à un savoureux dégommage du star-system de la côte ouest américaine. Devenue un genre presque à part entière, la satire anti-hollywoodienne a ses cibles de prédilection. Celles du réalisateur canadien sont de ce tonneau : un enfant-star tête-à-claques de 13 ans tout juste sorti de désintox (Ewan Bird), une vieillissante et bipolaire actrice sous antidépresseurs (Julianne Moore, au meilleur de sa forme), un chauffeur de limousine rêvant de percer dans le cinéma (Robert Pattinson), un coach pour célébrités éprises du dalaï-lama (John Cusack)… Les autres ingrédients sont tout aussi remâchés : drogue, ménage à trois, amours incestueux et roulette russe.

Mais Cronenberg secoue le tout avec un tel plaisir communicatif que sa charge surclasse les récents exercices du genre (citons au hasard le fastidieux "The Canyons" écrit par Bret Easton Ellis). Son geste n’est pas excessivement virulent, jamais prétentieux, plutôt délicieusement sadique. Conte amoral dopé à l’energy drink, "Maps to the Stars" est, pour le moment, le plus grisant des cocktails qui nous ait été servi sur la Croisette.






Avec “Maps to the Stars” présenté sur la Croisette, le réalisateur canadien ausculte la cruauté de Hollywood. Et a des chances de séduire Cannes.
En savoir plus sur http://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2014/19-cineastes-en-competition-david-cronenberg-avec-maps-to-the-stars,111965.php#LCEAL9xijBFw6GZ7.99
Avec “Maps to the Stars” présenté sur la Croisette, le réalisateur canadien ausculte la cruauté de Hollywood. Et a des chances de séduire Cannes...
En savoir plus sur http://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2014/19-cineastes-en-competition-david-cronenberg-avec-maps-to-the-stars,111965.php#LCEAL9xijBFw6GZ7.99

1 commentaire:

Lilas a dit…

Est-ce pour ça qu'elle est la seule invitée au grand journal ?
Merci pour toutes les critiques, je les lirai un peu plus tard.